Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 2.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Le BARON.

Les Amans sont souvent injustes lorsqu’ils sont jaloux. Mais quel est donc votre espoir ?

Le MARQUIS.

Hélas, aucun !

Le BARON.

Et cet objet de consolation que vous devez goûter ici, quel est-il ? Vous proposez-vous de devenir infidele, avec tant d’amour ?

Le MARQUIS.

J’en suis bien éloigné. Je ne veux jamais cesser d’aimer la Comtesse ; je veux ici la regretter toujours, & y adorer son image, que moi seul y verrai.

Le BARON.

Je ne vous comprends point.

Le MARQUIS.

Je vais vous expliquer ce mystere. (Ceci vous paroîtra un peu romanesque ; mais n’importe.) Ce bosquet, caché dans l’épaisseur de ce bois, vient d’être fini depuis huit jours : je l’avois consacré à la Comtesse ; je comptois l’y amener le lendemain de mon mariage, & l’y surprendre agréablement, en lui faisant voir une statue qui la représente. Malheureusement, hélas ! ce n’est plus le temps de penser