Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 2.djvu/42

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essayant de le faire paroître amoureux de moi, j’ai eu la douleur de voir le Marquis insensible à cette épreuve ; non, il ne m’aime plus !

Mlle DE RICHEVIERE.

Peut-être craint-il de vous offenser en vous montrant de la jalousie. Cessez cette feinte, puisqu’elle est inutile.

La COMTESSE.

Elle ne durera pas long-temps, ma chère niece ; je suis même fâchée d’avoir retardé pour cela votre bonheur ; dès ce jour même je vais tout réparer.

Mlle DE RICHEVIERE.

Quoi, dès ce jour ? Ah, ma chère tante !… Mais si vous n’êtes pas heureuse, il manquera toujours quelque chose à la satisfaction que je vais goûter.

La COMTESSE.

Ce sentiment prouve bien votre tendresse pour moi, & me la rend plus chere à chaque instant. Apprenez donc tout ce que je redoute. Je me promenois avant hier seule & fort tard ; je m’égarai en rêvant à la froideur du Marquis. Il faisoit clair de lune ; le hasard m’amena proche de ce bosquet. J’entendis parler, c’étoit lui : il se plaignoit ; je m’avançai sans bruit & j’écoutai.