Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 3.djvu/341

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. DE S. FIRMIN.

Permets que je te quitte & sois sans crainte ; je ne peux ni vivre ni mourir sans toi.

PAULINE.

Je ne crains pas que tu m’abandonnes.

M. DE S. FIRMIN.

Pourquoi donc prononcer ce mot ? Mais ne me retiens pas davantage. Adieu. (Il s’en va.)

PAULINE.

O ciel !

M. DE S. FIRMIN, revenant.

Ecoute. Voilà le signe où tu reconnoîtras si notre malheur s’adoucit. Si tu me vois revenir en carrosse, voulant perdre moins de temps pour te rejoindre, rassure-toi, & jette dans la rivière qui passe sous cette fenêtre, cette paille, image affreuse de notre misere, qu’il ne nous reste plus rien qui nous la retrace. Adieu.

PAULINE.

Je t’obéirai ; mais à quelles inquiétudes me laisses-tu en proie !

M. DE S. FIRMIN.

Je pourrois perdre l’instant favorable. Laisse-moi aller, je te prie.