Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 5.djvu/118

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Le PRÉSIDENT.

Sûrement ; j’étudie auprès de vous tout ce que je dois lui dire, & elle n’imagine pas que c’est à vous qu’elle le doit.

Mad. De MOUSON.

Mais elle est fort jolie, & je ne serois pas surprise qu’à la fin elle ne parvînt à vous plaire réellement.

Le PRÉSIDENT.

Cela feroit honneur à mon goût, à ma façon de penser, sur-tout après la comparaison que je dois faire de vous à elle. Quelle différence ! Que son ame est loin de ressembler à la vôtre ! Quel esprit que le sien ! En vérité il n’y a que le desir de vous venger qui puisse me faire supporter l’excès d’ennui & de dégoût qu’elle m’inspire.

Mad. De MOUSON.

Vous le dites, & je le dois croire : mais je n’aime point ce desir que vous avez de me venger ; je vous l’ai déjà dit : que m’importe ce qu’elle a pu dire & penser : étoit-elle faite pour sentir tout ce que vous valez ? Tenez, Président, c’est plus votre amour propre que ma gloire que vous voulez satisfaire.