Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 5.djvu/309

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fille étoit toujours plus heureuse qu’une femme mariée.

M. DE LA CHAINIERE.

Il est vrai que ce sont-là les propos des parens qui ne veulent pas marier leurs enfans.

Mlle. DE RINANT.

Mais, mon oncle, ai-je ajouté, quand on épouse quelqu’un que l’on aime, & dont on est bien aimée ? Ce n’est pas encore là un bonheur, m’a-t-il répondu, car après le mariage on ne s’aime plus. Cela m’a affligée à penser, & je ne l’ai pas pressé davantage.

M. DE LA CHAINIERE.

Quoi, vous croiriez que je pourrois jamais cesser de vous aimer ?

Mlle. DE RINANT.

Mais si cela arrive toujours ?

M. DE LA CHAINIERE.

Ah, bannissez cette crainte : ce n’est pas avec un véritable amour, un amour comme le mien qu’on peut changer. Souvent on se marie sans se connoître à présent, le cœur n’a point de part à ces unions. Il y a des femmes qui n’ont même connu l’amour, que trois ou quatre ans après avoir été mariées. Est-il étonnant que