Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 7.djvu/48

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c’est cette chienne de diette qu’il lui a ordonnée qui l’a mis dans cet état-là.

LE CHEVALIER.

Eh bien, si vous le croyez, faites-le manger.

Me. BABAS.

Est-ce qu’il y a moyen à présent ? Il dit que les morts ne mangent point. J’ai beau lui dire : Mais, mon cher maître, écoutez donc une chose, si vous ne mangez pas, nous mourrons tous de chagrin. Eh bien, dit-il, tant mieux, nous nous reverrons bientôt ; car il nous aime bien, comme vous voyez : c’est le meilleur cœur du monde ! Pour moi, je crois que je deviendrai folle. Savez-vous que cela me fait tant de peur, cette vilaine diette, que, depuis que mon maître est comme cela, je fais mes quatre repas, & je mange, la nuit, quand je m’éveille : il faut vivre avant de mourir, premiérement, & d’un.

Me. DENERÉE.

Eh mon Dieu ! Monsieur Sobrin ne vient pas.

Me. BABAS.

Qu’en voulez-vous faire, Madame ? Ah, pardi, voilà un beau médecin de neige ; c’est dommage qu’il n’y ait pas de dégel pour lui. Mais je m’amuse, moi, là, tandis que j’ai affaire. Voyons un peu… oui, il sera bien sur ce sopha.