Page:Carmontelle - Proverbes dramatiques, Tome 8.djvu/47

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Vous ne répondez point : quel funeste mystere !
Je comptois avec vous adoucir mes douleurs,
Serois-je seule, hélas à répandre des pleurs ?
O mon cher Criardus ! parlez : que vais-je entendre ?

CRIARDUS.

Depuis long-temps ici je suis à vous attendre ;
Mais Poignardin, Madame, ailleurs vous retenoit ;
De son amour, sans doute, il vous entretenoit :
Qu’il est heureux ! il aime, & vous le laissez faire.
Qui l’eût dit qu’un rival, un jour, pourroit vous plaire ?
Que vous mépriseriez un amant tel que moi ?
Que vous pourriez, un jour, me préférer le Roi ?

SCANDÉE.

O ciel ! qui moi ? Seigneur !

CRIARDUS.

O ciel ! qui moi ? Seigneur ! Ne feignez plus, Madame,
Après tant de serments vous trahissez ma flame !
Je vais fuir de ces lieux ; j’abjure mon amour.

SCANDÉE.

Où courez-vous, Seigneur ?

CRIARDUS.

Où courez-vous, Seigneur ? Je vais perdre le jour.

SCANDÉE.

Vous me quittez, c’est vous qui me fuyez, barbare.