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Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome I.djvu/10

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toujours ! c’est le goût seul des amusemens qui perpétuera ce bonheur. Doucement occupées de vos plaisirs, votre vie sera variée & vous ne connoîtrez jamais l’ennui. Le goût bannira ces mauvaises plaisanteries, souvent répétées, qui fatiguent plus qu’elles ne divertissent ; les plaisants & les objets de plaisanteries disparoîtront bientôt, & le jeu ne sera plus aussi nécessaire. Ce jeu, même modique, étoit devenu une habitude, on croyoit n’avoir existé que par la quantité d’heures que l’on avoit joué ; il n’y avoit plus de conversation, plus de gaieté, plus de plaisir. Après avoir parlé de sa santé, gémi sur le tems ou exhalté sa beauté, sans avoir le projet d’en profiter, on jouoit, on se querelloit, on se trouvoit insupportables, & l’on se haïssoit.

Le goût des Spectacles ne laisse qu’aux Vieillards ces tristes habitudes. L’étude des rôles, les répétitions prennent du tems ; vous lisez au moins des Comédies & c’est où l’on apprend à connoître les hommes, à rire des ridicules & à les éviter, à mépriser les vices & à les redouter, à admirer les vertus & à s’efforcer de les pratiquer.

L’amour des talens ne laisse point de vuide dans l’ame, & le desir d’en acquérir fait rechercher ceux qui