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Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome I.djvu/11

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les possèdent : on sent ce qu’il faut de travaux & de soins même pour avoir un talent médiocre. Ainsi les petits Théâtres de Société qu’on élève en Province, y répandent un nouveau jour qui rend les objets plus brillans, & porte dans l’ame cette innocente gaieté qu’on ne trouve que dans les Sociétés formées hors de la Capitale. La jalousie, l’envie, les préséances qui sont toujours les fruits de l’oisiveté & de l’ennui disparoîtront pour jamais. Les Vieillards n’auront plus de stupides admirateurs de leurs raisonnemens douloureux après la lecture des Galettes ; ils s’affligeront seuls ou ils ne s’affligeront pas. Le goût du jeu se reproduira moins. Les oisifs ne plaisanteront pas ceux qui savent s’occuper, & ne les détourneront plus, & les Académies seront moins peuplées de dormeurs, comme il y en a dans plusieurs Villes.

On voit déjà les Comédiens de Province, excités à jouer des Pièces que ceux de Paris ne jouent jamais ; ils consentent à varier leur répertoire, sans craindre de se fatiguer en apprenant de nouveaux rôles.

Toutes ces considérations, aimables Sociétés, m’ont fait croire que vous recevriez avec plaisir ce Recueil de Comédies ; il a été formé pour une Société de Province très-aimable, qui les a toutes jouées. S’il y en a qui