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Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome I.djvu/181

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vie votre sort, mon cher Comte ! Est-il rien de si doux que d’aller se jetter dans les bras de ce qu’on aime, de régner dans son cœur, d’y commander & de voir tous ses ordres prévenus ! il n’y a point de Major, d’Aide-de-Camp, qui volent aussi vite que les desirs, & point d’ennemi qui se rende avec plus de grâces qu’une femme aimable & tendre. Partez, volez, où l’Amour & la Gloire vous appellent.

Le Comte.

Ah, Monsieur ! croyez vous que je puisse être si heureux en vous quittant ? Quelle société peut être aussi agréable que la vôtre ? Combien j’ai appris de choses avec vous ! ceci me vaut presqu’une campagne : un ancien Militaire tel que vous ne sauroit être trop écouté, trop admiré !

Le Commandant.

Écoutez donc… je suis bien-aise que vous pensiez comme cela, je crois que vous serez un jour un grand Officier, mais ce qui me fait plaisir, & ce qui rassure mon cœur alarmé, c’est de ce que vous n’êtes point aussi empressé de nous quitter que je le craignois, parce que vous entendez ?