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Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome I.djvu/291

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La Marquise.

Sachant que mon Mari devoit passer par Lyon, je projettai d’y aller avec ma Tante qu’il ne connoissoit pas ; elle est amie du Commandant, le Marquis vint chez lui, & je fus assez heureuse pour qu’il me distinguât des autres femmes, & qu’il me marquât son empressement par mille soins.

Le Chevalier.

Il ne fut pas rebuté ?

La Marquise.

Au contraire, il devint si vivement épris de moi, qu’il écrivit à Paris que des affaires le retenoient à Lyon, & qu’il ne pouvoit pas dire encore quand il en partiroit.

Le Chevalier.

Vous n’étiez donc pas cruelle ?

La Marquise.

C’est-à-dire, je l’aimai, & je fus très-aise de trouver qu’il ressembloit à son portrait & à tout ce qu’on m’avoit dit de lui.

Le Chevalier.

Et pourquoi ne vous en êtes-vous pas fait reconnoître ; car tout cela c’est perdre du tems.