Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome II.djvu/24

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si je pouvois, en étant forcé de renoncer à vous, apprendre du moins que je ne suis pas haï.

Mlle d’Hennebaud.

Pourquoi vous haïrois-je tous les deux ? Est-ce parce que je suis la cause de vos malheurs ? Je n’ai point à me plaindre de vous.

Le Chevalier.

Je sais que vous n’êtes pas injuste.

Mlle d’Hennebaud.

À quoi vous serviroit d’en savoir davantage ?

Le Chevalier.

À charmer les douleurs & les ennuis du reste de ma vie ! cette conversation sans cesse présente à mon imagination, calmeroit mon désespoir ; je bénirois cent fois cet heureux moment. Quelle douceur je goûterois à me le rappeler ! Ah ! si réellement vous pouviez m’aimer !… Mais, que dis-je ? Nous n’en serions pas plus heureux, & je serois réduit à vous plaindre ; cependant au milieu de mes regrets, qu’il me seroit doux de penser que sans cette loi cruelle, vous auriez goûté quelque douceur à faire mon bonheur !