Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome II.djvu/32

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vouloir qu’elle forme un pareil établissement ? Il n’est pas possible que nous l’y engagions & que pour faire notre bonheur, nous l’empêchions peut-être d’avoir une fortune considérable, si la fortune peut se lasser enfin de persécuter le mérite.

La Marquise.

Le bonheur ne suit pas toujours la fortune, Comte !

Le Comte.

Ah, Madame, je le sais ! il est cruel pourtant que ce soit elle qui mette des entraves au nôtre ; il est affreux d’être obligé d’éviter ce que l’on aime, d’être forcé de l’empêcher de nous préférer ; c’est une situation, à quoi nous ne devions pas nous attendre ; nous devions espérer qu’enfin l’un de nous seroit heureux, & c’est à quoi il faut renoncer ! ce rafinement extrême de la haine de mon Oncle, est désespérant !

La Marquise.

Oui, Comte, je vous plains bien sincèrement, votre façon d’aimer méritoit, sans doute, un meilleur sort. Que votre bonheur ne dépend-il de moi ! mais aviez-vous lieu de