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Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome III.djvu/180

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La Marquise.

Si j’avois cette pensée, je ne me remarierois jamais ; est-ce une ressource quand on perd tout ce qu’on aime ?

Le Vicomte.

Mais quand on a aimé une fois, il est sûr qu’on aimera encore, ce n’est pas à nous autres Militaires qu’on fait croire le contraire ; quel peste de conte ! sans cela, le Roi ne pourroit, sans inhumanité, faire changer de garnisons à ses Régimens. Déterminez-vous donc toujours pour le présent ; quand vous aurez vingt-cinq ans, cela ne me regardera plus & pour-lors, si vous devenez Veuve encore, je trouverai très-bon tout ce que vous ferez.

La Marquise.

Je vous prie de croire que je suis très-fâchée de toutes les peines que vous donnent mes affaires.

Le Vicomte.

La peine n’est rien quand on a du tems ; mais tout est ici d’une lenteur insupportable ! Les plaisirs ont le pas sur tout ; rien n’est si impatientant pour quelqu’un qui pense sérieuse-