Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome III.djvu/51

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

M. de Ponbleu.

Vous plaisantez.

Lahaye.

Non vraiment. Un jour que nous changions de Garnison, en arrivant dans une Ville frontière, pendant que le Régiment se mettoit en bataille sur la place, je vis à une fenêtre une personne toute charmante ! je prends aussitôt un billet de logement pour cette maison & j’y vais. Je parle à cette Fille, elle ne veut rien entendre, au Père de même, à la Mère point de raison. Quand je vis cela, le soir même je l’enlevai ; on consentit au mariage, il se fit tout de suite, & l’on n’a jamais vu de si bon ménage. Nous avons demeuré ensemble trente-cinq ans, six mois & sept jours, elle est morte enfin !

Julie.

Sans enfans ?

Lahaye.

Sans enfans.

Julie.

Cela est grand dommage ! mais, Monsieur, j’avois toujours entendu dire que pour être Commandeur, il falloit être Garçon.