Page:Carmontelle - Théâtre de campagne, tome III.djvu/64

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M. de Ponbleu.

Vous ne répondez point, Mademoiselle, voulez-vous me désespérer ?

Le Chevalier, minaudant.

Il est bien surprenant que n’ayant jamais pu aimer, dans ce moment-ci, je ne puisse m’en défendre, & que celui que je regardois comme mon plus cruel ennemi, devienne mon vainqueur ! mais que dis-je ? Non, Monsieur, n’espérez rien de moi, si mon Frère ne cesse point d’être malheureux ; je sacrifierai mon penchant, & tout ce que vous pourrez m’inspirer, ne l’emportera point sur l’amitié que j’ai pour lui. Je ne veux pas être son bourreau en épousant quelqu’un qui veut faire le malheur de sa vie.

Lahaye.

Ma Niéce a raison, & mon Neveu le lui reprocheroit éternellement.

M. de Ponbleu.

Je ne saurois croire que le Chevalier ne soit pas aisément consolé de la perte de ma Niéce ; un nouvel objet l’a sûrement déjà remplacé dans son cœur.

Le Chevalier.

Ah ! que vous le connoissez mal ! & quel