reil pouvoir ne serait-il pas beaucoup plus menacé que celui d’assemblées délibérantes investies du droit souverain de représenter la nation, et gouvernant sous leur propre responsabilité ? Telle est la question cachée par chaque parti dans les plis de son drapeau ; question que n’a point résolue la chute du second empire, puisque nous avons à nous défendre aujourd’hui contre les menaces d’une dictature républicaine, le césarisme en haillons ne différant que par le costume du césarisme drapé dans la pourpre. Si l’Assemblée constituante la trancha en 1791, dans le sens de la souveraineté parlementaire, la Convention, se prévalant des périls publics provoqués par ses propres fautes, fit passer tous les pouvoirs aux mains d’un comité devant lequel elle trembla bientôt elle-même ; et du droit de son fatal génie, Bonaparte se déclara investi d’un pouvoir personnel, expression permanente de la volonté nationale. À la chute de l’Empire, la maison de Bourbon, rappelé au trône par le Sénat, où siégeaient les représentants de tous les anciens partis, se vit conduite à donner à tous des garanties sérieuses, et à promulguer des institutions au delà desquelles n’allaient alors ni les désirs ni les espérances de personne. Mais, si frappé qu’il fût de la nécessité de compter avec les hommes et les choses de la révolution, l’auguste auteur de la Charte n’abdiqua dans la rédaction de cet acte aucune des doctrines professées par la royauté française depuis la victoire de Henri IV sur la Ligue et l’avènement de la maison de Bourbon au trône. Le fondateur du gouvernement représentatif en France croyait à son
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