Page:Carné - Souvenirs de ma jeunesse au temps de la Restauration.djvu/127

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à redouter entre le pouvoir constituant que prétendait retenir la royauté en vertu de l’article 14, et l’autorité constitutionnelle des Chambres qui, par le vote de l’impôt, embrassaient le gouvernement tout entier.

Mais la situation fut transformée lorsqu’à l’auteur de la Charte succéda un monarque d’une conscience trop sévère pour échapper longtemps à l’ascendant de convictions enracinées. Charles X fut à Paris ce que le comte d’Artois avait été à Coblentz, un prince aimable, plein d’aménité pour tous, mais persuadé qu’il avait comme souverain un double devoir à remplir : subordonner l’action des Chambres à l’initiative de la royauté, source unique de toute puissance comme de toute justice, et n’admettre à conduire les grandes affaires de la monarchie que des hommes en plein accord avec sa foi politique.

Cependant les élections de 1827 avaient vivement alarmé le roi qui, ne distinguant aucune nuance dans l’opposition, et se refusant à certains rapprochements de personnes alors vivement souhaités, se crut placé tout à coup en présence de cent cinquante ennemis déclarés de sa dynastie. Ne pouvant ignorer d’ailleurs qu’un nouvel appel au pays aurait donné des résultats plus menaçants encore, il se résigna à renvoyer le ministère de M. de Villèle, sacrifice qui le contrariait d’ailleurs plutôt dans ses théories politiques que dans ses affections personnelles. Il appela aux affaires M. de Martignac et ses collègues dans le seul but d’écarter un péril qu’il jugeait imminent. Mais ce prince était, au moment où il les appelait dans ses conseils, plus