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de la larve en insecte parfait, sous la fécondante chaleur du soleil parvenu au point culminant de son cours.

Un pareil thème prêtait à d’éloquents articles. On expliquait doctement comment les dogmes finissent par la vulgarisation des mérités auxquelles ces dogmes servent d’enveloppe. Mais lorsque MM. Damiron, Jouffroy et leurs collaborateurs affectaient de saluer le christianisme avec le respect auquel ont droit les ruines, et quand on les sommait d’aborder les questions fondamentales, ils s’y refusaient constamment : l’un prétendant que les faits observés n’étaient pas assez nombreux, l’autre que des témoignages réunis ne se dégageait pas assez de lumière pour trancher scientifiquement aucun des problèmes fondamentaux admis par la conscience humaine.

C’était pitié d’analyser le contingent d’idées acceptées à titre provisoire par ces confiants fossoyeurs du christianisme. Ils prononçaient le nom de Dieu avec une sorte de déférence, tenant plus, si j’ose le dire, de la politesse que du respect ; mais ils ne consentaient à s’incliner devant cette cause première que sous la condition de n’être interrogés ni sur la nature ni sur la simplicité de son essence. S’ils parlaient de l’âme et de ses aspirations vers l’immortalité, il demeurait bien entendu que la théorie psychologique restait à l’état de pure hypothèse, l’homme ne pouvant avoir, dans l’état incomplet de la science, que des pressentiments instinctifs, insuffisants pour fonder une démonstration rigoureuse de ses destinées futures. Le plus décidément spiritualiste des écrivains du Globe ne dépassait