le crédit et par les banques, la cessation définitive de l’état de guerre, la fédération générale des peuples et l’établissement d’un régime harmonique couronné par une morale et une législation nouvelles.
À chacune de ces diverses phases organiques correspond, d’après l’école de Saint-Simon, une doctrine religieuse en parfait accord avec elle. Tandis que les premiers humains disputaient dans l’antre paternel leur nourriture aux bêtes féroces, ils tremblaient devant les fétiches. Au fétichisme qui affolait de terreur les premiers humains errant dans les forêts, succéda, dans la cité enfin constituée, le polythéisme, expression de la foi naturelle à l’homme désarmé en présence des énergies mystérieuses de la création. Chaque race revêtit ce culte d’une empreinte conforme à son génie. De ces croyances primitives, qui dotèrent les peuples enfants de l’Hellénie de leur civilisation charmante, se dégagea, dans la Judée, l’idée de l’unithéisme, inspirée par la profondeur sans bornes du désert, comme dirait aujourd’hui M. Renan, dont le front aurait revêtu plus naturellement la tiare saint-simonienne que la barette du sulpicien. Uni aux traditions orientales et fécondé par celles-ci, le monothéisme biblique enfanta la doctrine chrétienne, en y mettant beaucoup de temps. Pour peu que les lecteurs y mettent de leur côté beaucoup de bonne volonté, ils se trouvent, au moyen de toutes ces belles choses, posséder pour l’histoire universelle un synchronisme complet des faits, des croyances et des institutions, tableau synoptique aussi facile à retenir qu’à fabriquer.