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dont le Catholique du baron d’Eckstein eut l’initiative en 1825, fut étendu et popularisé en 1829 par le Correspondant.

La fondation de ce recueil est pour moi comme le souvenir d’un premier amour évoqué avec des rides sur le front et de la neige sur la tête. En prononçant ce nom, je me retrouve en présence de jeunes gens entrant dans la vie avec des dons divers, mais tous professant des convictions rehaussées par le plus entier oubli d’eux-mêmes. Je me souviens de leurs labeurs avant les grandes luttes livrées plus tard à la tribune pour la liberté de l’Église, luttes victorieuses dans lesquelles ils eurent pour auxiliaires la plupart de ceux qui se sont faits depuis leurs détracteurs ; je les retrouve enfin au bout de la carrière, fléchissant sous le poids de l’expérience et des années, mais conservant la pleine conscience de l’opportunité de leur œuvre, et pouvant arguer devant Dieu et les hommes de la constante droiture de leurs intentions.

Ils entendaient chaque matin sonner le glas de leurs plus chères croyances ; ils trouvaient partout cette conviction alors générale, que l’Église catholique, appuyée sur des pouvoirs menacés, était hors d’état de survivre à la grande crise que le progrès de l’esprit démocratique laissait déjà pressentir dans toute l’Europe. Insulté et taxé d’impuissance, le christianisme, au dire de ses ennemis, n’était en mesure de les combattre qu’avec des armes émoussées. Si tu es le fils de Dieu, descends de la croix ! semblaient dire au Sauveur des hommes les philosophes épiant comme