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Page:Carné - Souvenirs de ma jeunesse au temps de la Restauration.djvu/182

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de notre bonne volonté. Cet obstacle aurait été probablement insurmontable sans l’intervention d’un homme qui fut, dans son temps, la cheville ouvrière de plusieurs œuvres utiles, dont sa mémoire n’a pas profité. M. Bailly fut pourvu des fonds nécessaires par une association formée dans les rangs de la droite pour la défense de la religion catholique, association publique cette fois, et dont le président d’honneur était M. le duc d’Havre, capitaine des gardes du corps du roi. Cet octroi fut fait sous la condition que le journal dont la rédaction nous était remise deviendrait l’organe des réclamations adressées soit de la France, soit de l’étranger, contre toutes les atteintes portées à la liberté religieuse, si gravement frappée par les ordonnances du 16 juin 1828. De cette pensée sortit ce nom de Correspondant, titre insignifiant et incorrect, contre lequel nous protestâmes en vain.

Ce patronage créait, à une rédaction très-monarchique, mais très-dévouée aux institutions constitutionnelles, des difficultés sérieuses. On était aux derniers mois du ministère Martignac ; et, malgré les fautes de cette administration, toute la jeunesse intelligente lui demeurait favorable, la chute de ce cabinet ne pouvant manquer d’emporter les dernières chances de la royauté légitime. Mais telle n’était pas l’opinion de la plupart des actionnaires du journal. Aux yeux des vieux royalistes, déférer aux vœux de l’opposition en quelque matière que ce fût, c’était perdre la royauté. Ils n’admettaient sur ce point-là ni distinction ni nuance, et c’était pour eux un vieil axiome que, depuis la