Page:Carné - Souvenirs de ma jeunesse au temps de la Restauration.djvu/181

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’exposerai avec quelque détail ce qui se rapporte à la fondation de ce recueil, non-seulement parce qu’il fut l’œuvre aimée de mes belles années, mais parce qu’il est vraiment impossible, si l’on ne remonte aujourd’hui jusqu’au premier Correspondant[1], de comprendre dans quel sens furent posées tant de questions délicates, devenues plus tard une source de lamentables divisions. On verra ces questions sourdre de dessous terre, soulevées par la force même des événements bien plus que par la volonté des hommes. Étranger depuis longtemps aux luttes auxquelles fut consacrée ma jeunesse, j’ai le droit, et peut-être le devoir d’exposer dans quelles limites se concentraient alors nos efforts et nos espérances.

La création d’un journal semi-hebdomadaire n’était point une chose facile. Une pareille fondation était en effet des plus coûteuses, et nous n’étions riches que

  1. Le premier Correspondant parut le 10 mars 1829. On verra dans les chapitres suivants par quel motif il dut disparaître à la fin de l’année 1831. Diverses tentatives furent faites pour combler le vide que cette disparition laissa au sein de l’opinion religieuse. Après la publication de quelques volumes in-12, qui parurent successivement sous le titre du Nouveau correspondant en 1840 et 1841, ce recueil se reconstitua sous forme périodique en janvier 1843, par les soins et les généreux, sacrifices de MM. de Vogüé, de Saint-Seine, de Brosses, Alain de Kergorlay, etc. M. le marquis de Vogüé avait fait déjà partie du groupe des premiers fondateurs en 1829. La direction en fut confiée à M. Wilson, qui la remit, en 1846, à M. Charles Lenormant, membre de l’Institut. Une troisième série s’ouvrit pour ce recueil au commencement de 1855, sous la direction d’un Conseil formé par la plupart des hommes éminents activement engagés, sous la monarchie de 1830, dans la défense de l’Église et de la liberté religieuse.