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Page:Carné - Souvenirs de ma jeunesse au temps de la Restauration.djvu/37

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et de prières, la Congrégation eut des conséquences politiques très-différentes de celles qu’on en avait espérées. Cette œuvre, agrandie dans ses bases après le rétablissement de la maison de Bourbon, se donnait alors pour but principal de patronner la jeunesse chrétienne durant le cours de ses études à Paris, et de l’assister à son entrée dans les carrières publiques, de manière à peupler celles-ci de candidats d’un dévouement éprouvé à l’Église et à la royauté, en maintenant un lien secret entre des hommes honorables également engagés envers le trône et envers l’autel.

De longs efforts et de généreux sacrifices furent accomplis pour protéger les jeunes gens contre les périls de toute nature auxquels les exposait à Paris l’éloignement de la famille ; mais ces efforts furent opérés sans tact, en contrariant à la fois et l’esprit général du temps, et l’esprit permanent de la jeunesse à laquelle il faut laisser toutes les apparences de la liberté, surtout lors qu’on en restreint l’usage ; de telle sorte que les plus respectables des hommes parvinrent à rendre leur dévouement stérile et leur concours désastreux. On agissait beaucoup plus dans l’espoir de sauver l’innocence des étudiants que dans la pensée de fortifier leur virilité, et l’on s’efforçait de revêtir de la tunique d’Éliacin ceux qu’il aurait été bon d’armer d’une triple cuirasse pour les grands combats de l’avenir.

Au centre du quartier latin s’ouvrit, en 1823, un vaste établissement pour la Société des Bonnes Études. Il fut doté d’une bibliothèque expurgée, et ne reçut