Page:Carnet de guerre d'Emile Chollet.pdf/113

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le chantier, faire ranger le tout et voir ceux qui ont absolument besoin de chaussures ; car pour marcher il en faut ; pauvres gens qui allaient un ou deux nu-pieds et xxxxxxx 5 ou 6 en chaussures sans semelles[1] si seulement on en recevait ce soir ; depuis le temps qu’on en demande des chaussures et qu’on en reçoit pas, pour tous les effets il en est de même mais surtout pour les pantalons, quelle honte ; je me demande d’où cela provient ? Je suppose qu’en France on fait plus attention à cela, il faut sauver la parade tout au moins, mais ici ? Bah ! personne ne nous voit !…

Je n’ai plus mon pauvre Viro, ce matin je lui ai fait faire un trou et un sapeur l’a tiré d’une balle dans la tête, il a encore xxxxxxx poussé un ou deux cris, mais de suite le sapeur l’achevé — Bien entendu je m’étais en allé du coté d’Obstrina, je n’ai même pas voulu entendre le coup de fusil ; pauvre petite bête quand je suis revenu on ne voyait plus que de la terre remuée, les deux sapeurs lui avaient fait une petite tombe avec des branches dessus, j’avouerai, je j’ai eu le cœur gros, un si gentil petit compagnon. Le [illisible] m’a donné son collier, je le garde.

Je ne pouvais pas l’emmener avec moi, puis, je n’avais personne à qui le donner, puis il redevenait courreur, hier il est allé courrir du coté de l’ambulance attiré par je ne sais pas quoi, et trois fois dans cette journée il est revenu avec une boîte de conserves à la queue, — il aurait souffert, j’ai mieux aimé le faire disparaître ; cela m’a fait de la peine car avec moi il était très mignon.

  1. Tellement [illisible], xxxxxxx que leur pieds portaient à demi un sur le sol.—