Page:Carnet de guerre d'Emile Chollet.pdf/40

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

29 mars 1917. Hier je suis allé avec le Lieutenant tavernier à Monastir, c’est la première fois que moi j’y allais. Pauvre ville ! D’abord pour y aller nous passons sur une route sur chaque coté de laquelle il a des pierres. Nous voici en ville, voilà le quartier [illisible], c’est le plus battu par les obus toutes les maisons ne sont plus que ruines et il y a encore des habitants ! Que des gosses surtout, ils jouent dans la rue, là malheureusement comme si de rien n’était. Nous sommes sur les bords du Dragard, les maisons ne valent guère mieux que celles déjà vues. ici une femmes morte, tuée à la porte de sa maison, à demi démolie, là un groupe de femmes et d’enfants, dont quelques unes avec leurs projéniture se détachent pour aller voir les cadavres, elles reviennent en courant.

Plus loin il y a du sang sur le trottoir puis sur la route, partout enfin !

Dans la rue du roi Pierre il y a quelques boutiques à demi ouvertes, j’achète des timbres des cigarettes, puis on va au parc du [illisible] au retour même spectacle, aux coins des rues il y a des marchands accroupis à terre, ils vendent des crayons, gommes, carnets, cigarettes, etc… ici même une vieille femme vend des [illisible], ça ne doit pas rapporter beaucoup !… Au carrefour dangereux, ça tombe dur, les éclats nous sifflent aux oreilles, on est obligé de faire un détour par les champs. Enfin, nous sommes rendus.

Aujourd’hui rien de nouveau le temps est beau, quoique en ce moment il y a de gros nuages.

J’espère des lettres ou au moins des colis pour ce soir.