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eau bouillie et de linge ordinaire.

Ces malheureux ont faim, nous ne pouvons leur offrir que des pommes-de-terre cuites à l’eau. Joséphine et moi avons bien chacun un petit pain, cela ne fait que trois ou quatre bouchées à chacun. Ma fille et moi nettoyons un petit jeune homme qui a un trou énorme à l’épaule droite. Les vers pullulent. Quand nous avons dégagé cette plaie, nous nous apercevons l’un l’autre à travers cette ouverture.

Durant trois jours, nous eumes quelques français à soigner. Tous, ou presque, partaient à Cambrai. Il n’est resté à Croisilles que cinq grands blessés dont les jours n’étaient pas en danger. Tous les autres indistinctement partaient.

C’étaient des bretons du même régiment que ceux que nous avions enterrés quelques jours auparavant dans notre cimetière communal. A ce moment là, les allemands m’indiquaient un corps à tel endroit. Il fallait l’enlever immédiatement,