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Nous vendons le lait, les acheteurs affluent. Chaque jour je portais au Bon Pasteur 20 à 25 litres de lait que les religieuses remettaient aux voisins. Le reste était distribué aux Anglais. Nous n’en avions jamais assez. Les clients le trouvaient meilleur que n’importe quel lait. Nous leur répondions que c’est la qualité de l’herbe des patures qui donne ce lait supérieur. Un jour un laitier vint nous expliquer que notre lait est trop bon : nous gâtons le métier. Il insinue que nous pourrions vendre quelques litres en plus.

Nous sommes arrivés bien à point pour sauvegarder la vie du taureau. Depuis plusieurs jours, la femme ne le rentrait plus à l’écurie. Ce taureau vivait en liberté dans l’immense terrain laissé inculte en arrière de la butte de Hochettes, depuis que l’autorité militaire avait établi un champ de tir sur le terrain de courses. Ce taureau beuglait, grattait la terre avec les pieds, la labourait des cornes, il effrayait les habitantspassants. Apres plusieurs injonctions d’avoir à rentrer cet animal, la municipalité avait prévenu que demain il serait abattu. Louis et moi l’avons ramené à l’écurie.

Nous retournons coucher à Haute-avesnes.

Nous avions donc des bêtes à l’étable, et, pas de paille. Pour obvier à cette pénurie, le matin, quand