Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/127

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— « Si nous terminions la fête en allant danser dans le cimetière ? dit tout à coup l’un d’eux.

— Oui, oui ! Allons danser une branle autour des tombes ! » s’écrièrent les autres.

Et tous, se prenant par la main, partirent en chantant danser au milieu des tombes. Les uns buttaient dans les tertres, les autres renversaient les croix de bois, mais on se relevait vite et la danse reprenait de plus belle.

Tout à coup, minuit sonna à l’église du village et, sans savoir pourquoi, les jeunes gens s’arrêtèrent dans leur danse. Les tombes s’ouvrirent toutes et engloutirent les joyeux danseurs. Pas un ne rentra au village.

Chaque année, le jour de la fête patronale, on raconte que les tombes s’ouvrent et que les danseurs reprennent leur ronde en poussant des gémissements terribles. À minuit les tombes se referment sur les fantômes et tout rentre dans le silence.

Conté en février 1881, par M. Aubray, du Bosquel [Somme]).