Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/126

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vait, il essaya de manger comme les autres convives, et pour s’étourdir il but coup sur coup plusieurs verres de l’excellent vin des morts.

Puis la danse commença et le jeune paysan dut danser avec un squelette de jeune fille, qui l’étreignait violemment et qui l’embrassait à tout instant.

— « La ronde ! la ronde ! » crièrent les morts. Et tout le monde sortit du caveau pour faire la ronde dans le cimetière. On se prit par la main et l’on sauta en tournoyant au-dessus des croix, des tombes et des chapelles. Ceci dura jusqu’au matin.

On entendit le chant du coq dans le lointain ; la danse cessa, les tombes s’ouvrirent et les morts disparurent. Le paysan resta tout étourdi jusqu’au lever du soleil.

Il revint alors au village et se fit prêtre.

(Conté le 20 février 1881, par M. Jules Bonnel, de Thièvres [Somme]).

IV

la danse des fantômes



Un jour de fête les jeunes gens du Bosquel avaient beaucoup dansé et beaucoup bu. La plupart d’entre eux étaient à moitié ivres.