Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/22

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années à passer encore ici !… Qu’importe ! Proposons-lui de danser avec nous, si vous le voulez-bien, mes amis.

— C’est cela ! c’est cela ! répétèrent les goblins. »

Le bossu vit bien de quoi il s’agissait, mais il ne comprit rien à ces « maudits jours de la semaine » et à ces « mille ans » dont le lutin avait parlé dans son discours à ses amis.

Un beau petit goblin vêtu d’une veste et d’un pantalon de velours violet, et coiffé d’un chapeau à longues plumes de paon, s’approcha du bossu, le salua profondément — ce qui charma le chanteur au plus haut degré — et il lui dit :

— « Mon ami, comme nous passions tout à l’heure, errant de ci de là par le bois de Mailly, à la recherche de quelque aventure, nous avons entendu tes belles chansons qui nous ont tellement ravis que nous t’avons suivi pour t’écouter. Tu nous parais un fort gai compagnon et mes amis seraient, comme moi, fort enchantés si tu consentais à finir la nuit dans notre société. Ici près est une grande prairie, l’herbe y est bien verte et toute tapissée de fleurs ; la lune est dans son plein ; nous danserons quelques heures avec toi. Tu n’auras pas à