Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/21

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talon, le petit bossu continua sa route en reprenant son refrain :


Tout le long du bois,
J’embrassai Nanette ;
Tout le long du bois,
J’l’embrassai trois fois !

Plusieurs centaines de lutins étaient sortis des buissons et s’étaient mis à suivre le petit bossu dont le chant paraissait les émerveiller.

On arriva ainsi hors du bois de Mailly. Le bossu regarda en arrière et vit les goblins le suivant toujours, mais paraissant se concerter pour quelque chose. L’homme écouta attentivement et voici ce qu’il entendit :

— « Oui, on pourrait le lui demander.

— Oui, oui. Qu’on le lui demande ! N’est-ce pas votre avis à tous ?

— Si, si. Mais voudrait-il ? Il chante fort bien et il n’a pas l’air de craindre nos tours de la nuit, c’est certain. Mais danser quelques rondes avec nous et dire notre chanson, ce n’est pas la même chose. S’il allait retrancher un de ces maudits jours de la semaine pour se donner le plaisir de se moquer de nous ! Ce serait terrible : mille ans, mille longues