Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/24

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Le chef donna le signal de la ronde et la danse commença.

Jamais le petit bossu ne s’était senti le pied si léger que cette nuit ; il faisait des pas de toute sorte et des sauts qui émerveillaient ses compagnons.

Les petits yeux des lutins brillaient de plaisir ; on voyait qu’ils ne s’étaient jamais vus à pareille fête. On dansa ainsi assez longtemps. À la fin, le roi des goblins fit un signe et la ronde cessa d’un seul coup. Le chef se leva de son trône et vint inviter le petit bossu à déjeuner avec ses sujets et avec lui-même sur le tapis que leur offrait la prairie. Moitié pour ne pas désobliger les goblins et moitié pour assister au repas de ces êtres bizarres, Thomas accepta l’offre du chef. En un instant, des mets de toutes sortes, venus on ne sait d’où, couvrirent l’herbe humide du pré ; les vins les plus exquis et le cidre le plus délicieux remplirent des verres taillés dans le diamant le plus pur, et les lutins se mirent à cette table improvisée en se rapprochant le plus qu’ils pouvaient du bossu pour ne pas perdre une seule de ses paroles.

Mais là encore l’admiration des goblins pour Thomas le Bossu redoubla quand ils le virent man-