Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/28

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chasse, nous tuâmes la pauvre bête. Pour nous punir de notre désobéissance, nous fûmes chassés du Paradis et condamnés à errer sur terre jusqu’à ce qu’un mortel nous rappelât le nom du jour inobservé autrefois par nous. Bien des fois, les vivants se sont mêlés à nos rondes, mais aucun jusqu’à présent n’avait pu achever notre refrain. Tu viens de le faire et nous t’en remercions. Dès ce moment, on ne nous verra plus errer sur cette terre ; notre course est finie et nous allons bientôt retourner au Paradis. Mais nos autres compagnons dispersés ailleurs ne seront pas si heureux ; leur supplice durera longtemps encore !… Mais avant de nous quitter pour toujours, dis-nous ce que tu désires des goblins.

— Ce que je désire ?… Ah ! peu de chose pour vous et beaucoup pour moi : débarrassez-moi de cette bosse qui me rend si ridicule, et je serai le plus heureux des hommes. »

Les lutins apportèrent une petite scie et se mirent en devoir d’enlever la bosse de Thomas. Celui-ci ne ressentait aucune souffrance de cette opération qui aurait dû être bien douloureuse.

Bientôt ce fut terminé. Les lutins enlevèrent la bosse et la déposèrent sur le gazon après l’avoir