Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/31

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Deux poulets rôtis,
Trois pigeons en graisse,


et ce, sans bourse délier. Quand il eut fini, il la recommença, pour la redire un peu plus tard à nouveau. Il arriva ainsi à la sortie du bois de Mailly sans avoir rencontré âme qui vive.

Mais depuis une heure, et sans qu’il s’en doutât, une troupe de goblins, aussi laids que ceux de la veille étaient beaux, le suivaient en écoutant la « Chanson des hussards ».

Notre bossu la répétait pour la septième fois au moins ; aussi les petits hommes n’y tenant plus partirent d’un éclat de rire formidable qu’on eût pu entendre à une lieue de là. Pierre le Bossu se retourna tout effrayé, mais voyant que les rieurs étaient des lutins, le courage lui revint et il attendit ces derniers assez bravement. Sans dire une parole, celui qui paraissait être le chef des goblins s’approcha du bossu, le prit par la main et l’entraîna dans la prairie. Puis il s’assit sur la borne : des lutins se placèrent aux quatre coins du champ, commencèrent l’air d’une ronde, et la danse commença. Les petits êtres dansaient à cœur joie, entraînant dans leur course folle le