Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/32

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pauvre bossu qui bientôt se trouva tout essoufflé et déclara qu’il n’en pouvait plus.

— « C’est bien, alors ; nous allons déjeuner ici et nous t’inviterons à prendre part à notre festin, si le cœur t’en dit. » Et le chef des lutins fit servir un repas tel que celui de la veille ; puis on fit le cercle autour de Pierre le Bossu, et chacun fit honneur aux mets, aussi abondants que délicieux qui se trouvaient servis sur l’herbe. Malheureusement, le petit bossu avait trop bien soupé à Albert ; il ne put se tirer du festin avec honneur et le vin capiteux des goblins ne tarda pas, en lui dérangeant la cervelle, à lui brouiller complètement les idées. Bientôt le roi des lutins se leva :

— « Mon ami, nous avons fort bien dansé tout à l’heure ; il nous faut maintenant faire quelques rondes en nous accompagnant du chant des goblins. Nous comptons sur toi, Pierre le Bossu.

— Comment donc ? Mais, parbleu ! je suis des vôtres, à la vie à la mort ! Je suis prêt à danser, à chanter, à faire tout ce qu’il vous plaira de me commander. »

Tout heureux du bon vouloir du petit bossu, les goblins se prirent par la main, formèrent un grand cercle et entraînant Pierre avec eux, se