Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/4

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Et immédiatement elles se trouvaient portées au Champ aux Fées. Elles s’y livraient à des danses, à des chants, à des orgies sans nom et ne rentraient que fort tard dans la nuit. Leur âme jouissait même de la faculté de quitter le corps pour se rendre à ces réunions, et pendant ce temps la sorcière paraissait morte pour se ranimer au retour de l’esprit.

Plusieurs d’entre elles se déchiraient aux bois et aux buissons quand il leur arrivait de dire :

Traverse haies, traverse buissons,
Fais-moi aller où ils sont.

De nos jours encore les paysans n’osent traverser les cercles fantastiques tracés par les sorcières et les lutins dans les Champs aux Fées, et l’on raconte mille aventures terribles arrivées aux audacieux qui essayèrent de découvrir les secrets des sorcières.



la fée qui se change en enfant



Une jeune femme mit au monde une petite fille. Les voisines lui conseillèrent de placer un chapelet bénit au cou de l’enfant. Mais la jeune mère qualifia leurs dires de billevesées et leur déclara qu’elle prétendait ne point se soumettre aux vieilles coutumes d’autrefois.