Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/5

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’enfant n’eut donc point de chapelet bénit ; on la plaça dans un charmant petit berceau et l’on commença à parler du jour où le baptême aurait lieu.

Mais une fée, profitant un beau matin de l’absence de la mère, entra dans la maison, s’approcha du berceau et, trouvant la petite enfant à son goût, l’enleva et l’emporta chez une de ses amies, fée comme elle, à qui elle la confia en lui recommandant d’en prendre le plus grand soin. Ensuite elle revint au village, rentra dans la maison, se rapetissa jusqu’à devenir toute petite, toute petite, et se coucha dans le berceau au lieu et place de la petite fille. N’eût été sa vieille peau tannée et ridée et sa laideur, on l’eût prise pour la jeune enfant.

La jeune femme étant revenue peu après à la maison, songea à allaiter sa fille.

— « Oh ! Dieu, le petit monstre ! ne put-elle s’empêcher de s’écrier à la vue de l’enfant qui se trouvait dans le berceau. Ce n’est point là la charmante enfant que j’ai laissée dans ce berceau tout à l’heure. Pour sûr que les fées me l’auront changée. Mes voisines avaient bien raison de me recommander de placer un chapelet bénit au cou