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I

le diable et la jeune fermière


C’était il y a bien longtemps, du temps du grand-père du grand-père de mon grand-père, pour le moins ; on était au jour de la fête du village ; on devait danser le « cotillon » et la « branle » sur la grande place, à l’ombre des grands tilleuls et des marronniers, et toutes les jeunes filles des environs à plus de trois lieues à la ronde s’y étaient donné rendez-vous pour cette réunion. Depuis un mois, les jeunes gens ne songeaient qu’à la fête, et c’était même le seul sujet de conversation depuis longtemps.

La fille du plus riche fermier de la commune devait ouvrir la danse avec le jeune seigneur du château voisin, et c’était un honneur que chaque fille lui enviait en secret. Malheureusement, ce riche fermier était un vieil avare qui cherchait par tous les moyens possibles d’augmenter son avoir si considérable déjà. Trouvant qu’il y avait encore bien de l’ouvrage aux champs, il ordonna à sa fille d’aller dans la plaine épandre quelques