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B. — LE DIABLE, LES SORCIERS ET LES REVENANTS



§ I. — LE DIABLE


Le diable se rencontre à chaque instant dans les contes picards. Il joue deux rôles totalement différents. Le plus souvent, c’est un être peu intelligent, disposé à tout faire pour acquérir l’âme d’un mortel, et ne réussissant qu’à se faire duper par ceux qui ont conclu un marché avec lui. Trompé une première fois, il se fait prendre aux mêmes tours deux ou trois fois sans en être étonné, et, au lieu d’une âme, il n’emporte jamais qu’une botte de paille ou un tronc d’arbre. Il est vrai qu’il s’en venge en renversant portes et cheminées, mais il n’en est pas moins le héros malheureux de la farce. Plus rarement, il est rusé ; mais alors il l’est excessivement et son caractère est cruel.

Le dernier conte du chapitre que j’ai réservé au diable me semble particulièrement intéressant. Il reproduit comme un abrégé de l’Enfer du Dante. On y trouve le comte d’Aveluy visitant les salles de l’enfer, salles affectées chacune à un supplice particulier et à la punition d’un crime spécial. Les personnes vouées à ces tortures disent elles-mêmes pourquoi elles sont punies en cet endroit, et racontent leur vie comme on le voit faire dans la Divine Comédie. La donnée en est donc populaire.