Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/69

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l’un des chevaux ferré des quatre pieds, l’inconnu dit au forgeron :

— « Mon ami, tu n’es point aussi subtil que tu voudrais bien me le faire croire ; je ne te ferai donc pas de compliments sur ton habileté ; mais je veux te montrer comment, sans aller à dix lieues à la ronde, je sais ferrer un cheval. Fais attention. »

Ce disant, l’homme ouvrit un grand couteau qu’il venait de tirer de sa poche, et prenant les jambes du cheval et les coupant à la hauteur du genoux, il les porta dans la forge, et puis les ferra l’une après l’autre en les plaçant dans un étau. Le forgeron regardait tout ébahi cet homme extraordinaire. Ce qui lui semblait inexplicable, c’était surtout la singulière facilité avec laquelle l’inconnu avait coupé les pieds du cheval, sans pour cela répandre la moindre goutte de sang et sans paraître causer la moindre douleur à l’animal ainsi amputé. Son étonnement redoubla quand il vit l’étranger prendre les pattes du cheval et les remettre à leur place naturelle sans qu’on pût voir aucune plaie.

— « Eh bien, l’ami ! Que dis-tu de ma façon de ferrer les chevaux ? Cela t’a fort étonné, je le vois… je ne te payerai pas tes fers ; je veux te