Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/82

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mangé depuis trois jours et qu’un peu d’argent dans ton escarcelle ne te nuirait pas trop. Je viens t’offrir dix mille écus, à une condition, toutefois…

— Que je te donnerai mon âme ?

— Juste ! Que tu me donneras ton âme dans dix ans, si à cette époque il est impossible pour toi de me rembourser.

— C’est convenu, c’est convenu. Où est l’argent ?

— Le voici. Mais tu jures ?

— Je jure ! » dit Misère, qui avait son idée.

Le diable, tout heureux, tira dix mille écus de sa poche et les donna au bonhomme Misère.

— « Ah ! ah ! hi ! hi ! faisait le diable en s’éloignant.

— Ah ! ah ! hi ! hi ! » faisait le bonhomme Misère.

Pendant dix ans ce dernier mena une joyeuse vie, mangeant bien, buvant beaucoup, régalant ses amis, enfin fréquentant plus le cabaret que l’église. Jamais son chien Pauvreté n’avait fait meilleure chère.

Les dix ans venaient de s’écouler quand le diable revint au carrefour des deux routes pour