Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/83

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emmener Misère en enfer. Au grand étonnement du démon, le forgeron était tout joyeux et dansait toutes sortes de pas tout autour de la forge, suivi par Pauvreté, qui aboyait comme un enragé.

— « Morbleu ! Misère, tu me sembles bien joyeux !

— Et pourquoi pas ?

— Mais tu as donc dix mille écus à me rendre ?

— Dix mille écus ! Vous rêvez, notre maître ! J’en ai cent à peine. Mais si vous venez pour me chercher, je suis tout disposé à vous suivre au fin fond de l’enfer, s’il le faut. Asseyez-vous un instant dans ce fauteuil et je suis à votre disposition. »

Le diable s’assit dans le fauteuil. Et au bout d’un moment :

— « Notre maître, venez-vous ? Je suis prêt ! » dit le forgeron.

Le diable essaya de se lever, mais en vain. Ses efforts furent inutiles.

Sans se presser, le bonhomme Misère prit une grosse barre de fer et se mit à en asséner des coups vigoureux sur la tête, sur les épaules, sur le dos du pauvre diable, qui hurlait, jurait et