Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/93

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devant un bon feu qui flambait dans l’âtre, il entendit un grand bruit au-dessus de sa tête et revit le diable descendre par la cheminée sans s’embarrasser dans la planche à suie, prendre une chaise et s’asseoir au foyer tout en ricanant comme à l’ordinaire.

— « Ah ! ah ! ah ! ah !… Comment se sont passées ces dernières années ? S’est-on marié avec la belle Catherine ? A-t-on été heureux ? Suis-je un fort bon diable ? Allons, parle !…

— Avant de vous répondre, je voudrais savoir ce qui vous amène ici à pareil jour ?

— Comment, ce qui m’amène ? La belle question !… Oublie-t-on si vite ses engagements qu’au bout de quelques années on y songe si peu ?… Les trois mille sept cents jours au bout desquels tu devais m’appartenir corps et âme ne sont-ils pas écoulés ?… Ta place est toute prête dans mon enfer, là-bas, en haut, et je viens te chercher pour te montrer le chemin de ta nouvelle demeure.

— Me chercher !… Impossible. Depuis le jour où j’ai signé le pacte avec vous, il ne s’est écoulé encore que dix ans, et nous sommes convenus de vingt ans.