Page:Carnoy - Littérature orale de la Picardie.djvu/92

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— Oui, tiens… »

Et le diable appliqua une de ses longues griffes sur la main du jeune homme, l’égratigna et en fit sortir une goutte de sang. Puis il tira une plume d’oie de sa poche, la trempa dans le sang et fit signer le pacte infernal au jeune homme. Quand ce fut fini :

— « C’est bien, mon garçon ; je tiendrai ma promesse. Va joyeux au tirage au sort, épouse Catherine et attends ma visite dans sept mille trois cents jours. Au revoir, sans adieu. »

Et le diable remonta par la cheminée et disparut.

Le lendemain le paysan tira le numéro le plus élevé du canton et se trouva ainsi dispensé de ses sept ans de service militaire.

Quelques jours après il épousa sa fiancée, la belle Catherine, et, dès ce moment, parut vivre fort heureux dans sa ferme. Il avait vingt ans de vie devant lui et ne pensait guère au moment où il lui faudrait se remettre entre les mains de celui qui l’avait acheté.

Cela dura ainsi pendant dix ans.

Un jour que le fermier, assis dans son grand fauteuil, fumait sa pipe dans le coin de la cheminée,