Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/142

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se développent ; mais déjà peu à peu quelques-uns des caractères d’abord indiqués changent et se déforment. Bénédict est le paysan sublime et passionné. M. de Lansac, le fiancé de Valentine, d’abord un très galant homme, devient le type légèrement chargé d’abord, puis démesurément avili de l’homme du monde sans passion généreuse, sans jeunesse morale, usé et flétri au dedans, d’ailleurs cupide et débauché, tout ce qu’il faut pour rendre la lutte difficile à Valentine, facile à Bénédict. Mme de Raimbault, une femme du monde, qui a simplement des préjugés, passe tout à coup à l’état d’une vieille coquette, coureuse de bals de sous-préfecture, qui se désintéresse de sa fille à un point invraisemblable, ainsi que plus tard M. de Lansac de sa femme, sans doute pour laisser les incidents les plus graves se développer à leur aise, sans la gêne de la vie de famille, où la plus simple surveillance entraverait les libres allures du roman. Ainsi s’explique ce va-et-vient des personnages les plus compromettants et les plus faciles à compromettre, qui entrent dans le parc et le château, ou bien en sortent, comme il leur plaît, le jour et même la nuit. Bénédict en profite à souhait, d’abord pour essayer de tuer à l’affût, dans la soirée même du mariage, l’époux, M. de Lansac, sous le prétexte étonnant de punir « une mère sans entrailles qui condamnait froidement sa fille à un opprobre légal, au dernier des opprobres qu’on puisse infliger à la femme, au viol », puis, pour s’introduire au château furtivement, et prendre la place de M. de