Page:Caron - Deux voyages sur le Saint-Maurice, 1889.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 107 —

avec les hommes de la chapelle qu’il va s’agir d’élever bientôt.

Il y avait déjà un commencement de division parmi les habitants ; Monseigneur leur recommanda l’union avec tant de force, qu’il réussit, nous l’espérons du moins, à étouffer ce premier et malheureux germe. Il leur dit : Dressez-moi une requête par laquelle vous demanderez simplement la permission de bâtir une chapelle. J’enverrai mon archidiacre pour vérifier votre requête et pour examiner les lieux, et après avoir tout pesé, je fixerai moi-même l’endroit de la chapelle, comme il m’appartient de le faire. Quand cet endroit sera fixé, soumettez-vous sans murmure, quand bien même ce ne serait pas de votre goût ; il est certain que je ne puis mettre la chapelle à la porte de tout le monde. Monseigneur cite alors l’exemple de certaines paroisses qui ne prospèrent pas, et restent depuis des années dans l’état d’enfance. Si vous voulez, dit-il, que votre paroisse grandisse rapidement, soyez unis et restez soumis à votre évêque.

Tous parurent très bien disposés, et nous avons lieu de croire qu’en peu de temps Saint-Théophile prendra rang parmi les bonnes paroisses du diocèse.

Monseigneur s’entretint ensuite longuement avec M. Joseph Brunel sur les intérêts de la mission, et surtout sur les moyens qu’il faudrait prendre pour se procurer immédiatement une maison qui servirait de chapelle. On jeta les yeux sur une maison à deux logements, qui se trouve sur la rive nord du lac. Que Dieu aplanisse toute difficulté, pour que la religion fleurisse dans ce champ nouveau et fertile.

Il y a une école bien fréquentée au Lac-à-la-Tortue, et le dimanche, les habitants de l’endroit, ne pouvant entendre la messe, ont l’habitude de se réunir pour prier et chanter des cantiques. C’est M. Joseph Brunel qui a pu obtenir ces résultats si beaux. Les efforts persévérants que ce monsieur a faits pour maintenir l’ordre et l’esprit religieux dans le poste isolé où il réside, lui sont comptés depuis longtemps au livre de vie.