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ces pauvres peuples, était ma vraie viande, ce me semblait.

« Le lendemain arrivèrent sept ou huit familles d’un autre endroit, dont je baptisai les enfants. Je disposai les chrétiens à la confession et à la communion ; je croyais y avoir beaucoup de peine, y en ayant bon nombre qui jamais ne s’étaient confessés depuis leur baptême et depuis leur bas âge ; mais tous tant qu’ils étaient dès la première fois se confessèrent aussi bien que s’ils eussent été instruits au catéchisme, comme des français. Tous avaient leurs chapelets, et savaient très bien leurs prières, les uns les ayant enseignées aux autres. »

Le Père Buteux donne ici, avec de longs développements, les marques de la solidité du christianisme et de la foi de ses chers Sauvages, ce sont 1o leurs confessions faites avec tant de soin, 2o le zèle qu’ils font paraître à bannir le vice, 3o l’assiduité et la diligence à s’acquitter des devoirs d’un bon chrétien, 4o la continuelle pensée de la mort, 5o la dévotion pour les âmes des trépassés. Puis il continue : « Après avoir séjourné quelques jours au lieu de cette première assemblée, je m’embarquai en compagnie de trente-cinq canots, pour aller en une autre assemblée environ à vingt-cinq lieues de là. Nous n’avions point d’autres provisions que le provenu de notre pêche ; neuf à dix onces d’un morceau de poisson était notre ordinaire par jour.

« Le lendemain de notre embarquement, nous rencontrâmes des chutes d’eau horribles, entr’autres en un endroit où la rivière ayant roulé à travers quantité de lits de roches, tombe tout à coup comme dans un précipice, qui est comme une auge ou berceau de pierre, long de quelque centaine de pas. Dans ce berceau la rivière bouillonne en telle façon, que si vous jetez un bâton au dedans, il y demeure quelque temps sans paraître, puis tout à coup il s’élève en haut la hauteur de deux piques, à quarante ou cinquante pas du lieu où vous l’avez jeté.

« Le troisième jour, nous arrivâmes où nous voulions aller, on nous y salua d’une décharge générale de