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Page:Caron - Deux voyages sur le Saint-Maurice, 1889.djvu/133

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et ses deux compagnons marchent jusqu’au soir, et le lendemain, avant de tomber entre les mains de leurs ennemis, il avaient déjà fait deux portages et étaient à faire le troisième, leur deuxième journée de marche était donc à peu près complète. Et tout cela ne les aurait conduits qu’à la chute de la Grand’Mère ! Il faudrait donc que les Attikamègues eussent passé 34 jours à marcher en rond sur les coteaux des Trois-Rivières !

Mais pour qu’on ne nous accuse pas de détruire sans pouvoir édifier, voici comment on pourrait fixer les détails de cette partie du voyage du Père Buteux. Le saint missionnaire dit sa dernière messe dans l’île aux Goélands, le jour de l’Ascension. Quand les Sauvages eurent communié, ils prirent les devants pour se séparer par petites bandes quand ils seraient au-delà de La Tuque. Un certain nombre ont même pu entrer dans la forêt par la crique qu’ils avaient suivie l’année précédente.

Le père Buteux organisa alors sa petite expédition : il se rendit à La Tuque, fit le portage, et ayant remonté le Saint-Maurice jusqu’aux Petites-Pointes, à 7 milles de La Tuque, il s’y cabana pour passer la nuit. Le lendemain, il fit le portage du rapide des Petites-Pointes, continua sa route en canot et fit un second portage au rapide des Grandes-Pointes ; puis, à une distance assez considérable, mais toujours dans la même journée, il atteignit le rapide de Stronick.[1]

Il faisait là son troisième portage, quand il fut assassiné par les Iroquois.

Pour confirmer ce que nous venons de dire, nous avons encore la fuite du jeune huron qui accompagnait le père Buteux. Les Iroquois restèrent en embuscade, mais ils ne firent aucun mal à ce jeune homme, ils le réservaient pour être brûlé dans leur pays. Au bout de quelques jours, le huron s’échappe et retourne aux Trois-Rivières ; mais il n’arrive au milieu des

  1. Un certain M. Stronick fit des chantiers dans les environs et donna son nom au rapide.