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clergé et des citoyens, protestants comme catholiques, de la ville. Après le service, le corps devant être inhumé à St-Grégoire, conformément au désir de Mr. Jean Harper, curé du lieu et frère du défunt, fut reconduit jusqu’au rivage du fleuve Saint-Laurent par le Clergé suivi d’une foule considérable, et déposé dans le bateau qui devait le transporter à sa destination.

Depuis le matin jusqu’à la fin de cette triste cérémonie, tous les magasins et boutiques étaient demeurés fermés, même ceux des protestants, qui partageaient bien sincèrement l’affliction de leurs concitoyens catholiques.

La dépouille mortelle du zélé missionnaire fut inhumée, le lendemain, 11 juillet, dans l’église de Saint-Grégoire, après un second service auquel se trouvaient présents la plupart des ecclésiastiques du district, ainsi qu’un grand nombre d’habitants de la paroisse et des paroisses voisines. Pendant le service, M. Léprohon directeur du séminaire de Nicolet, dans une courte allocution, fit couler les larmes des assistants, en leur rappelant le souvenir du zèle et des vertus du jeune apôtre.

Cependant les sauvages Têtes-de-Boule, réunis depuis quelques jours au poste de Wémontachingue,[1] attendaient avec une sainte impatience le missionnaire qui les avait visités l’année précédente en la compagnie de M. Dumoulin. Voyant qu’à l’époque convenue il n’était pas encore arrivé, ils dépêchèrent à sa rencontre deux néophytes baptisés deux ans auparavant aux Trois-Rivières par Mgr l’évêque de Sidyme, pour le prendre dans un canot léger et le conduire plus promptement au milieu de ses ouailles. Mais après une journée de marche, les députés ayant appris de quelques sauvages iroquois, qui remontaient le Saint-Maurice pour le service de l’honorable Compagnie de la Baie d’Hudson, le malheureux accident qui

  1. C’est le vrai nom du poste que, par abréviation, on appelle Montachingue. Le Rapport que nous citons ici donne Warmontashingen. Ce nom sauvage signifie jabot ou, si vous voulez, fale d’oiseau. Coucoucache veut dire hibou.